La Quinzaine des fiertés démarre à Toulon


04 juin 2025

Pour sa 6ème édition, le Collectifs des Fiertés lance sa quinzaine dans la capitale varoise avec en ligne de mire la journée du 14 juin prochain et la marche des fiertés 

On en parle avec Elsa Nardini, porte-parole du Collectif Fierté Toulon 

Mistral FM : C’est la sixième édition de la Quinzaine des Fiertés. Peut-on dire que c’est désormais un événement bien ancré à Toulon ?
Elsa Nardini : Oui, et pas seulement ! Non seulement c’est bien installé, mais ça évolue très vite. Tout a commencé avec de petits rassemblements Place de la Liberté, portés par quelques personnes motivées, un peu utopistes. Puis le Collectif Fierté Toulon est né, et avec lui une dynamique collective qui ne cesse de grandir. L’an dernier, on a franchi un cap avec une semaine des Fiertés. Cette année, on passe à une quinzaine complète, toujours dans le cadre du Mois des Fiertés. C’est un vrai signe de maturité et d’élan populaire.

Mistral FM : Rappelons le concept. Qu’est-ce qu’une "quinzaine des Fiertés" exactement ?
Elsa Nardini : C’est 15 jours d’événements organisés dans tout le département, par des acteurs culturels, associatifs, festifs... L’objectif est de visibiliser les luttes LGBTQIA+ à travers des soirées, projections, débats, spectacles… Tout le monde peut s’impliquer, et c’est ce qui en fait la richesse.

Mistral FM : Cette année, ça commence dès le 30 mai. Qu’est-ce qui est prévu jusqu’au 14 juin ?
Elsa Nardini : Beaucoup de nouveautés ! On ouvre le 30 mai avec une grande soirée organisée par K-Event, place de l’Équerre, avec show drag et DJ set du Bouillotte Club. Le 31, direction la place de l’Opéra pour la soirée Follow Me, suivie d’un spectacle de batucada.

On aura aussi des projections avec SOS Homophobie et Polychromes, un collectif qui fait le lien entre Marseille, Nice et Toulon. Le centre LGBT proposera des temps d’échange sur la parentalité et le bien-être, avec l’aide de thérapeutes bénévoles.

La médiathèque Chalucet et le centre Nelson Mandela accueilleront spectacles et projections engagées, comme Parlez-leur d’amour (compagnie Verbateam) ou un film sur les questions de genre et de décolonisation.

Le MAZ organisera une journée complète avec un marché artistique, du stand-up avec le Pride Comedy Club, et une soirée fluo. Et le 12 juin, on aura une grosse soirée en partenariat avec Natif Records et Bouillotte Club : Apéro Iconique et DJ set.

Mistral FM : Et le 14 juin, jour phare, que va-t-il se passer ?
Elsa Nardini : La journée commence avec le village associatif place d’Armes, où une vingtaine d’associations seront présentes (AIDES, Enipse, SOS Homophobie, Transmissions…). Il y aura des animations sur scène avec des artistes locaux – chanteurs, danseurs, drag queens – et des prises de parole d’institutions et associations.

À 17h, c’est le départ de la marche des Fiertés dans les rues de Toulon. On espère dépasser les 3 000 personnes de l’an dernier. Il y a une vraie dynamique !

Mistral FM : Au-delà du côté festif, il y a aussi une vraie portée politique.
Elsa Nardini : Complètement. On aime faire la fête, se retrouver dans la joie, mais c’est aussi un acte militant. Les droits LGBTQIA+ sont remis en cause dans certains pays, même en Europe ou aux États-Unis. Rien n’est jamais acquis. SOS Homophobie et Le Refuge rappellent chaque année que les discriminations augmentent.

Notre marche s’inscrit dans l’histoire : elle vient de Stonewall, d’une résistance. On continue de lutter pour l’égalité et contre toutes les discriminations. C’est une nécessité.

Mistral FM : L’affiche de cette année a aussi une histoire particulière...
Elsa Nardini : Oui, elle est émouvante. On avait lancé un concours public. Sur Facebook, on a reçu des commentaires haineux. Un graphiste, alias Détendu de la Claquette, a réagi et nous a proposé bénévolement une affiche. Elle a été soumise au vote… et a gagné. Il n’est pas issu de la communauté, mais c’est un allié. Son geste incarne ce qu’on défend : l’inclusion, la solidarité, la résistance.

Mistral FM : À qui s’adresse cette quinzaine ? Tout le monde peut venir ?
Elsa Nardini : Absolument. Le “+” dans LGBTQIA+, c’est aussi pour les alliés. Nos événements sont ouverts à tous, même – et surtout – aux personnes qui ne sont pas de la communauté. La marche est un espace pour dire : “Je suis là, pour l’égalité, pour la tolérance.” À Toulon, on a des familles, des enfants, des chiens… C’est hyper familial et ça nous rend fiers.

Mistral FM : Toulon est-elle devenue une ville LGBT-friendly ?
Elsa Nardini : Oui, on peut vraiment le dire aujourd’hui. On a vu une vraie évolution. Il y a quelques années, les gens quittaient le Var pour vivre leur vie ailleurs. Aujourd’hui, on a des soirées, des lieux safe, un centre LGBT, des institutions engagées. La police nationale travaille avec nous sur les questions de sécurité. Il y a encore du chemin, bien sûr, mais la dynamique est là. Toulon est en train de devenir une ville où il fait bon vivre pour les personnes LGBTQIA+.

Mistral FM : Un dernier mot ?
Elsa Nardini : Oui, après la marche du 14, la fête continue ! Soirée géante place de l’Équerre, puis after au Boys Paradise, notre partenaire historique. C’est un lieu emblématique de la scène LGBT toulonnaise, mais ouvert à tous. On vous attend nombreuses et nombreux, jusqu’au bout de la nuit !