
18 février 2025
Depuis plusieurs jours, le sud de la France est touché par les premiers pollens de l'année et placé en vigilance rouge par le RNSA
On en parle avec Samuel Monnier, ingénieur responsable communication au Réseau National de Surveillance Aérobiologique
Mistral FM : Est-ce qu'on peut représenter le Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA) ?
Samuel Monnier : Nous sommes une association qui mesure les pollens dans l'air et informe les allergiques sur les risques associés. Nous disposons d'un site internet, pollen.fr, où nous mettons régulièrement à jour des cartes de risque, des bulletins d'information, des alertes et des conseils pour les allergiques. Nous sommes également présents sur les réseaux sociaux.
Mistral FM : Comment sont calculés les niveaux de risque que vous communiquez sur votre site ?
Samuel Monnier : Nous utilisons plusieurs sources de données : un réseau de 70 capteurs répartis sur le territoire, des botanistes qui observent la floraison des espèces, et des médecins sentinelles qui nous font remonter les symptômes observés chez leurs patients. Nous collaborons également avec Météo France, car les conditions météorologiques jouent un rôle crucial dans la dispersion des pollens. Par exemple, des journées ensoleillées, douces et venteuses favorisent leur propagation, tandis que la pluie les plaque au sol, apportant un répit aux allergiques.
Mistral FM : Peut-on faire un point sur la situation actuelle dans le sud ?
Samuel Monnier : Ces derniers jours, le temps ensoleillé et venteux, avec des températures en hausse, a favorisé une forte dispersion des pollens, notamment ceux des cyprès, très présents dans le Var, les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes. C'est actuellement l'allergène principal dans cette région. Nous avons classé le risque d'allergie comme élevé sur tout le pourtour méditerranéen et cela devrait perdurer encore plusieurs semaines.
En plus des cyprès, on trouve également des pollens de frêne, qui appartiennent à la même famille que l'olivier. Le frêne est actuellement en pleine floraison et présente un risque moyen pour les allergiques. On observe aussi quelques pollens d'aulne, de noisetier et d'urticacées, mais leur impact est plus limité dans la région.
Mistral FM : Cette situation à la mi-février est-elle classique ou est-on en avance cette année ?
Samuel Monnier : C'est une situation tout à fait classique. Chaque année, en février, les cyprès libèrent de grandes quantités de pollen. Les premiers à fleurir dans la famille des cupressacées sont les genévriers, dès novembre. Ensuite, décembre et janvier sont plus calmes, avant une recrudescence à partir de fin janvier, avec la floraison des cyprès communs et des cyprès d'Arizona. Tant que la météo reste favorable à la dispersion, ces pollens restent en forte concentration dans l'air jusqu'à fin mars.
Mistral FM : Donc, les allergiques doivent se préparer à plusieurs semaines compliquées ?
Samuel Monnier : Oui, malheureusement, nous sommes en pleine période critique. La floraison des cyprès va progressivement diminuer d'ici mi-mars, mais d'autres espèces prendront le relais, comme les platanes, les chênes et les graminées, qui gêneront les allergiques à partir de fin mars jusqu'en juin.
Mistral FM : Sur la carte de votre site, on remarque une France "coupée en deux". Comment explique-t-on cette différence nord/sud ?
Samuel Monnier : Cela s'explique principalement par la forte présence de cyprès dans le sud. Si l'on trouve des pollens de cyprès dans toute la France, leurs concentrations sont nettement plus élevées à Marseille, Aix-en-Provence ou Toulon qu'à Paris, Strasbourg ou Lille. Par conséquent, les allergies aux cyprès sont très courantes autour de la Méditerranée, alors qu'elles sont plus rares dans le nord du pays.
Dans le nord, les allergiques sont davantage touchés par les pollens de bétulacées (aulne, noisetier, bouleau), qui sont moins présents dans le sud. En revanche, autour de la Méditerranée, ce sont les cyprès, les oliviers et les graminées qui posent problème.
Mistral FM : Quels conseils pouvez-vous donner aux allergiques pour se protéger ?
Samuel Monnier : Si vous présentez des symptômes comme un nez qui coule, des yeux rouges, de la toux ou des difficultés respiratoires, il est important de consulter un médecin ou un allergologue. Un traitement à base d'antihistaminiques peut vous aider à mieux supporter cette période.
Par ailleurs, nous recommandons de suivre les bulletins de prévision sur pollen.fr et nos réseaux sociaux pour anticiper les pics d'allergie. Quelques gestes simples peuvent aussi réduire l'exposition aux pollens :
- Se rincer les cheveux le soir pour éviter de respirer du pollen durant la nuit.
- Aérer son logement tôt le matin ou tard le soir, lorsque les concentrations sont plus faibles.
- Faire sécher son linge à l'intérieur pour empêcher les pollens de s'y fixer.
- Fermer les fenêtres en voiture.
- Porter un masque ou des lunettes de soleil en extérieur pour limiter le contact avec les pollens.
L'objectif est de minimiser l'exposition pour mieux supporter cette période difficile.